Etat de Conscience Modifie

Hypnose et douleur chronique

L’hypnose, dans le contexte de la douleur chronique, est efficace pour contrôler le niveau d’intensité de la douleur, pour gérer la douleur et/ou les émotions qui l’accompagnent, afin d’aider la personne à retrouver une qualité de vie acceptable.
Elle permet de découvrir et de développer de nouveaux outils personnels de gestion des différentes composantes de la douleur. La personne souffrant de douleurs chroniques est souvent envahi par celles-ci et rencontre de la difficulté à se décentrer. L’hypnose permet alors d’élargir son champ de vision, en prenant du recul non seulement par rapport aux douleurs mais aussi par rapport à sa situation. Par ses suggestions pendant la séance d’hypnose, le praticien permet à la personne de se focaliser sur d’autres éléments que la douleur, de recadrer la situation et de l’amener à découvrir ses propres ressources pour gérer la douleur.
1. Source : Revue Médicale Suisse, n° 209, Michèle Grünenwald

Soulagement de la douleur

L'hypnose est particulièrement indiquée pour le traitement des douleurs chroniques telles que les migraines, fibromyalgie, abdominales, céphalées rhumatologiques et autre douleurs du même type. Avant d'aller plus loin, il est essentiel de noter que l'hypnose ne travaille essentiellement que sur la partie psychologique de la douleur. Avant de travailler sur le soulagement de la douleur par l'hypnose, cette douleur doit être considérée comme un signal de l'organisme que quelque chose ne va pas et il importe donc, avant tout, de consulter un médecin ou un professionnel de santé pour en déterminer les causes. En l'absence de résultats, et quand cette douleur devient chronique, le recours à l'hypnose peut alors être envisagé.  

La douleur est une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable », une sensation subjective normalement liée à un message de douleur, un stimulus nociceptif transmis par le système nerveux. On distingue principalement deux types de douleur, aiguë et chronique :

  1. La douleur aiguë correspond à un « signal d'alarme » de l'organisme pour inciter à une réaction appropriée en cas de remise en cause de son intégrité physique, soit par un traumatisme (brûlure, plaie, choc), soit par une maladie ;
  2. La douleur chronique, l'installation durable de la douleur, est considérée comme une maladie qui peut notamment être le signe d'un dysfonctionnement des mécanismes de sa genèse, on parle alors de douleur neurogène ou psychogène.

La douleur apparait ainsi comme une expérience subjective. C'est un événement neuropsychologique pluridimensionnel. Il convient alors de distinguer :

  • La composante sensori-discriminative qui correspond aux mécanismes neurophysiologiques de la nociception. Ils assurent la détection du stimulus, sa nature (brûlure, décharges électriques, torsion, etc.), sa durée, son évolution, son intensité, et l’analyse de ses caractères spatiaux ;
  • La composante affective qui exprime la connotation désagréable, pénible, rattachée à la perception douloureuse. La représentation mentale de la douleur chronique (les états mentaux aversifs provoqués par les émotions causées par la douleur) serait chargée d'une valeur négative capable de transformer les états neuronaux5 ;
  • La composante cognitive référant à l’ensemble de processus mentaux qui accompagnent et donnent du sens à une perception en adaptant les réactions comportementales comme les processus d’attention, d’anticipation et de diversion, les interprétations et valeurs attribuées à la douleur, le langage et le savoir sur la douleur (sémantique) avec les phénomènes de mémoire d’expériences douloureuses antérieures personnelles (mémoire épisodique) décisifs sur le comportement à adopter.

Une action sur plusieurs niveaux

L’hypnose permet d’agir à plusieurs niveaux : le niveau sensoriel (intensité par exemple), la gestion de la douleur (diminuer une anticipation négative par exemple), le niveau cognitif (faire des liens entre la douleur et des pensées négatives), le niveau émotionnel (en lien avec des deuils non faits par exemple), et le niveau motivationnel (l’aider à trouver des ressources lui permettant de se mobiliser, de devenir actif dans la prise en charge).
Les outils hypnotiques utilisés pour moduler une douleur sont multiples, tels la distraction, l’imagerie mentale, l’apprentissage de la gestion des émotions, en particulier de l’anxiété et du stress, et de techniques permettant au patient de ne plus rester dans une pensée binaire dutout douloureux ou absence totale de douleur. Toutes ces techniques tendent à permettre au patient de retrouver un contrôle sur la douleur et ses conséquences dans sa vie quotidienne et à retrouver une certaine autonomie. Le patient n’adoptera les suggestions hypnotiques que si elles peuvent s’intégrer dans son système de représentations, d’où l’importance et d’une anamnèse approfondie et du lien thérapeutique.(1)
1. Source : Revue Médicale Suisse, n° 209, Michèle Grünenwald